Emmetelle - Awake

Prendre son temps, profiter de l’instant présent est devenu un luxe. Par sa relative longueur, sa lenteur et son calme, « Awake » permet à l’auditeur de prendre enfin cette pause bien méritée. C’est un morceau que l’on écoute les yeux fermés, en se laissant bercer par la musique, sans se préoccuper de ce qu’il nous reste encore à faire avant que la journée se termine. « Awake » est à elle seule une courte séance de méditation ou de relaxation.

Pour Emmetelle, « Awake » est une musique qui représente un véritable challenge puisqu’elle est sa toute première tentative de composition de musique assistée par ordinateur (MAO). Pourtant, ce titre est selon moi déjà à la hauteur de ce qu’aurait pu produire un artiste expérimenté dans le domaine de la production de musique digitale !

D’abord parce que dès les premières mesures, l’auditeur est happé par l’ambiance du morceau. Il est ensuite facile de se laisser guider par la musique, du début à la fin, comme en transe. Ensuite, parce que la construction du morceau est parfaitement menée, depuis les premières notes toutes en douceur, accompagnées par des chants d’oiseaux jusqu’à la dernière partie dans laquelle la batterie amène un sentiment d’engagement et de détermination, comme pour donner énergie et courage à l’auditeur.

Il faut dire que, même si Emma Chantelle – son vrai nom – signe avec « Awake » son tout premier morceau de musique digitale, elle est en réalité loin d’être débutante dans le milieu de la musique ! Ayant grandi dans une famille de mélomanes et de musiciens, Emma s’est très vite intéressée à l’idée de pratiquer un instrument.

A l’âge de onze ans, elle a remporté une audition organisée dans le cadre scolaire qui lui a permis d’obtenir une bourse pour apprendre à jouer de la batterie et des percussions. Dès lors, la jeune musicienne n’a plus quitté ses baguettes. Elle a participé à de nombreux projets, d’abord à l’école, où elle a intégré l’orchestre de l’établissement ainsi qu’un groupe de rock jouant notamment des reprises de Guns and Roses et Metallica.

Plus tard, elle a joué sur des scènes ouvertes, a rejoint d’autres groupes, a tourné dans toute la Grande-Bretagne, a joué pour la radio et a enregistré des albums. En-dehors de la batterie et des percussions, Emma est une véritable touche-à-tout qui s’est également intéressée à la guitare, à l’écriture, à la composition et au DJing.

La passion d’Emma pour la batterie et les percussions n’a jamais faibli, malgré un souci de santé qui l’oblige depuis quelques années à se déplacer en fauteuil roulant. Si Emma n’a plus l’énergie qu’elle voudrait pour jouer de la batterie, elle n’a pas pour autant abandonné la musique. Soucieuse de continuer à jouer quel qu’en soit le moyen, Emma s’est tournée vers la production de musique assistée par ordinateur. « Awake » est son premier essai – une tentative initiale selon moi très réussie. Tout au long du processus d’écriture, de composition et de production, Emma n’a cessé d’apprendre au sujet de la MAO.

Les influences d’Emma sont très éclectiques. Biberonnée au rock des années 1980 (Dire Straits, John Denver, T’Pau, Jennifer Rush…), elle a ensuite découvert la house music et la trance. Elle adore le blues et déteste le jazz. A l’école, ses professeurs de musique l’ont poussée à écouter de la musique baroque et des compositeurs de comédies musicales tels qu’Andrew Lloyd Webber. Mais durant le processus de création d’« Awake », c’est plutôt la musique cinématique et les bandes-originales de films qui ont inspiré Emma.

On dit souvent que les meilleures musiques sont celles qui viennent du cœur. Et en effet, « Awake » se démarque grâce à son authenticité. A travers ce morceau, Emma a cherché à décrire un sentiment qu’elle connaît bien et qu’elle décrit ainsi : « The “hair standing up on the back of your neck” feeling of awakening and anything being possible that day ». Il s’agit de ce que l’on ressent le matin au réveil, lorsque nos sens s’éveillent doucement et que l’on sourit en pensant à la journée qui va commencer.

Lorsque l’on sait que quelque chose que l’on a attendu depuis longtemps va enfin se produire – un nouveau départ, la rencontre d’une vieille connaissance que l’on n’a pas revue depuis des années, la concrétisation d’un projet… Lorsque l’on sort de son lit en pensant que, quoiqu’il arrivera dans la journée à venir, rien n’effacera l’idée que la vie est belle et que tout est possible. Depuis qu’elle utilise un fauteuil roulant au quotidien, Emma ressent ce sentiment de moins en moins. Cette musique est aussi une manière pour elle de ne jamais l’oublier.

Le contexte et la signification du morceau en font une musique authentique, touchante, émouvante. Au début du titre, Emma a intégré des chants d’oiseaux qu’elle a elle-même enregistrés sur son téléphone portable, aux alentours de cinq heures du matin, en plein milieu de l’été sur l’île d’Anglesey au large du Pays de Galles. Ces chants d’oiseaux évoquent un réveil matinal en douceur entouré par les bruits de la nature. Ils ajoutent encore plus d’authenticité au morceau et lui donnent dès le début une dimension relaxante, apaisante voire méditative.

« Awake » est placée sous une licence Creative Commons BY-SA. Pour l’artiste, la licence libre était une évidence. Egalement photographe et vidéaste, Emma a longtemps considéré qu’une licence payante pouvait être un frein pour les artistes qui n’ont pas les moyens de la payer. Selon elle, ce type de licence impose des limites à la créativité et peut vite frustrer un artiste s’il ne trouve pas ce qu’il recherche dans le cadre d’un projet. La licence Creative Commons, quant à elle, ouvre la voie à plus de possibilités pour les vidéastes.

De plus, Emma est une artiste passionnée et authentique qui s’intéresse plus au processus de création qu’au rendu final de sa musique. Pour elle, vendre sa musique peut être une immense source de stress puisque cela amène à lui donner un jugement de valeur. De plus, si la musique publiée dans un objectif de vente ne trouve en fin de compte pas d’acheteur, cela peut affecter l’artiste et influencer ses créations suivantes. Pour Emmetelle, la licence Creative Commons est un moyen de créer sans stress, sans pression, sans imposer de limites à sa propre créativité.